Ils ont osé !

Publié le 23 Décembre 2021

(air connu)
"Ecoeurée, dégoûtée
Je ne voterai plus jamais
Ecoeurée, dégoûtée
C’est décidé je m’en vais… ? "

La situation est grave ! Je n’ai pas d’enfants et je parodie « La reine des neiges »… C’est vous dire à quel point la situation est grave !
Depuis hier soir, je ne décolère pas. Alors, c’est ça la Belgique, maintenant ? Un pays où des dirigeants ont saisi l’opportunité du prétexte sanitaire pour mettre la culture sur les genoux ?
Mais c’est quoi leur objectif, exactement ?

Limiter la propagation du variant Omicron ? Non. Là, à un moment, il faut arrêter de nous prendre pour des cons. L'an dernier, avec beaucoup de bonne volonté, je voulais encore bien entendre (sans forcément être d’accord hein !) l’argument du « on ferme tout, même ce qui représente le risque le plus faible, parce que si on l’accepte, un risque faible + un risque faible + un risque faible, ça finit par faire un vrai risque ».
Sur un plan purement logique, ça pouvait se tenir...

Depuis, toutes les études ont monté que les théâtres font partie des lieux où le risque de contamination est le plus faible. Sans cette fameuse maxime qui nous dit que « le risque zéro n’existe pas », on dirait même qu’il n’y a aucun risque d’attraper le covid en allant au théâtre. Contrairement, par exemple, aux restaurants ou aux salles de sport…
En même temps, a-t-on vraiment besoin d’études pour comprendre cela ? Prenons un virus qui se propage par aérosol, par les micro-gouttelettes qu’on expulse quand on parle, on tousse, on éternue, on souffle fort. Où a-t-on le plus de chance de l’attraper, c’est-à-dire de le respirer et le voir s’infiltrer dans notre nez ? Dans un lieu où tout le monde est assis, masqué, sans parler, et tourné dans la même direction ? Ou dans un lieu où les gens sont assis face à face, ou perpendiculairement à vous, bref tournés dans différentes directions, sans masque, et qu’ils parlent et mangent ? Ou encore, dans des lieux fermés où des gens circulent et bougent, sans masques, en soufflant lourdement sous l’effort ?

Voilà. On est d’accord ? Bien. Suis-je en train de dire qu’il aurait fallu fermer l’HORECA et les salles de sport hier ? Non, pas forcément. Ce que je dis, c’est que si l’objectif est de limiter les contaminations au variant omicron tellement contagieux, ne fermer que les lieux où le risque de contamination est de 1%, ça n’aura aucun effet. Un peu de cohérence, merde !

Donc, une fois qu’on a écarté l’hypothèse de l’objectif sanitaire (Sherlock, sors de ce corps !), que reste-t-il ?
Eh bien… on se le demande ? Une vengeance personnelle d’un politicien qui se rêvait comédien et a échoué ? Une vraie volonté de museler le secteur culturel, de pousser à la faillite les théâtres, et les comédiens à la reconversion ? Parce que le théâtre met en perspective, donne du recul, fait réfléchir ? Mais les mecs, vu ce que vous faites à l’enseignement, dans 15 ans ces mots ne voudront quand même plus rien dire ! Alors c’est bon, en attendant, foutez-nous la paix, laissez-nous profiter des comédiens tant qu’ils sont encore là ! N’oubliez pas que « tout le temps qui passe ne se rattrape guère, que tout le temps perdu ne se rattrape plus » (ah, c’est mieux, le niveau musical remonte !).

J’ai lu aussi que taper sur le secteur culturel, qui ne se révolte pas de façon violente (et de toute façon, qui ça emmerderait, une grève des artistes, à part les spectateurs dont nos ministres ne font visiblement pas partie ?), c’est une façon d’avoir l’air de prendre des mesures en faisant râler le moins de monde possible.

Comment pourrait-on faire changer cela ? Je me pose sérieusement la question. Les ministres ferment arbitrairement les lieux de culture, de façon inutile et donc, injuste. « Et puis quoi, et puis rien, et puis… on verra bien ? » (ça, c’est Aldebert, pour la ref musicale). Non, mais ça suffit ! Il est temps de trouver des manières créatives, respectueuses des gens et des mesures sanitaires qui ont du sens, de protester. Porter plainte pour entrave au bien être et à l’équilibre mental sans raison impérieuse qui le justifie ? Pour concurrence déloyale de mauvais goût (comme disait Bart y’a des années, la politique c’est du théâtre, non ?)

Il doit bien y avoir quelque chose à faire, ça ne peut pas continuer ! (hm, ça me rappelle une pièce d’Aristophane, « On marche sur la tête », dont j’ai vu une adaptation à Avignon y’a des années… C’est vraiment ça, non ? On marche sur la tête !).
Ou alors, si certains ont lu « Graine de sorcière » de Margaret Atwood… c’est peut-être une piste ? Donner une bonne leçon à nos hommes politiques avec une représentation de « La tempête » rien que pour eux ? (je n’en dirai pas plus pour ne pas spoiler ce roman que j’ai beaucoup aimé !).

J’en viens à espérer que des acteurs du monde culturel proposeront quelque chose d’intelligent, à leur image, pour résister. Dire stop, dire ça n’a pas de sens !

Sinon, pourquoi continuer à faire attention, à rester en bonne santé ? Pour aller bosser ? Et être privé de sa bulle d’oxygène principale ? Un monde sans théâtre, sans artistes… Quel cauchemar !

Alors bien sûr je partage leur colère, leur ras-le-bol, à ces artistes, ces directeurs, ces équipes des théâtres, ceux que je fréquente souvent et tous les autres. Je leur envoie tout mon soutien, je leur dis que je serai là quand ils rouvriront. Et je leur demande, aussi, ce qu’on peut faire. Comment se mobiliser pour faire passer le message que, oui, des gens râlent quand on ferme la culture, surtout quand il n’y a aucune justification qui tienne la route, que les experts du GEMS ne l’ont même pas demandé ni conseillé dans l’immédiat.

Et aussi... Comment leur faire comprendre, à ces politiciens, et d’une façon qui les touche, comment leur dire que ce n’est pas ainsi qu’ils seront crédibles, qu’en fait ils font tout pour que même les personnes censées se détournent de la politique, faisant le jeu des extrêmes, au final. Il y a de nombreuses années, "Sois belge et tais-toi" (le spectacle, pour ceux qui auraient oublié) se terminait sur une version réécrite de "L'amitié", de Françoise Hardy. Avec notamment cette phrase, dans les paroles : "Alors, peut-être que les mécontents n'iront pas tous voter bêtement blanc..." A l'époque, je voulais encore croire qu'il y avait quelques hommes et femmes politiques capables de nager au-dessus de la merde. Maintenant... si Léodagan se présentait avec pour programme "tout cramer et recommencer de zéro!", je voterais pour lui! (oui, les références culturelles dans tous les sens - ici, Kaamelott, pour les distraits - c'est volontaire...).

Alors? Comment on sort de tout ça?

Si vous avez une réponse ou un début de piste, je suis preneuse…

Rédigé par Emelle

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