Délivre-nous du mal

Publié le 22 Mai 2014

Délivre-nous du mal

« Delivre-nous du mal » est l’une des dernières pièces de Dominique Bréda, que j’attendais de voir avec énormément d’impatience, à la fois parce que j’avais absolument adoré le « Purgatoire » du même auteur, et parce que vu la joyeuse bande de comédiens, ça s’annonçait festif !

Bon… Je pense qu’en fait il ne faudrait jamais mettre la barre trop haut avant un spectacle, sous peine d’une légère frustration quand tout n’est pas tout à fait à la hauteur des attentes. Parce que « Délivre-nous du mal » n’est pas dans le même registre d’écriture que « Purgatoire », c’est plus burlesque et moins mordant/cinglant. D'un autre côté, les comédiens sont encore plus incroyables que ce que j’espérais, du coup ça compense et j’ai donc passé une bonne soirée au TTO samedi dernier, et bien ri !

"Délivre-nous du mal", de quoi ça parle ? Pas de successions de saynètes autour d’un thème, comme Purgatoire, mais une seule histoire, celle d’un curé, qui picole au vin de messe, et qui, découragé de s'adresser à une église vide, décide de rendre son tablier. Toutefois, lorsqu’il entendra Dieu lui parler et lui dire qu’au fond, c’est son choix, mais qu’il doit y réfléchir, il tentera le tout pour le tout, afin de redynamiser sa paroisse et attirer des gens à une super-messe ! Pour l’aider, l’autre prêtre (licencié en philo et en théologie, mais on se demande comment !) avec qui il se partage l’animation de 15 paroisses environ, la fidèle amie-paroissienne-organiste-amoureuse, et 2 bonnes sœurs, l’une au franc parler explosif, l’autre, venant de je ne sais plus quel pays de l’Est, baragouinant des choses étranges et particulièrement affable (ou pas…). Tout sera bon pour attirer le fidèle, distribution de tracts, chorale, intimidation, promesses de drogue…

C’est franchement très drôle, il y a des répliques bien senties, d’autres absurdes, de belles piques… Mais ça reste moins ‘humoir noir cinglant aux répliques ciselées avec finesse et taillées dans le sarcasme et l’ironie’ que « Purgatoire », on est quand même dans du bon gros cliché, et les piques contre la religion et l’Eglise, parfois virulentes, ont un petit côté déjà entendu…

Bien sûr la pièce n’a pas l’ambition d’être autre chose qu’une comédie, où le comique de situation et les mimiques des comédiens sont aussi importants que le texte lui-même.

On est un peu dans Sister Act en plus déjanté, avec des personnages qui rappellent des souvenirs à la fan de Kaamelott que je suis : l’organiste qui arrive en hurlant « mécréants ! » (comme Bohort ), le curé dévoué à son collègue et aîné mais pas très futé et qui remet le vocabulaire et les expressions à sa sauce (comme Perceval), et la bonne sœur étrangère qui fait des phrases en français mais dépourvues de sens et répète un mot mystérieux (comme le roi Burgonde, sauf qu’au lieu de ‘Cuillère’ elle répète ‘Pantalon’). Je ne suis pas du tout sûre qu’il y a réellement une influence, mais bon, j’ai pas pu m’empêcher d’y penser ! :)

Un mot sur les comédiens, irréprochables et absoluments hilarants ! Mentions spéciales (je pourrais les citer tous mais je tente de faire des billets un peu plus courts et vous n’imaginez pas la difficulté pour moi ;) ) à Amélie Saye (la fidèle paroissienne Judith) qui a le rôle le plus nuancé et parvient à jongler entre des scènes pûrement drôles et d’autres plus chargées en émotion sans fausse note, amenant fraicheur et naiveté à son personnage, et à Xavier Elsen, le curé pas très malin, qui est exceptionnel vraiment, quelle performance, quelles mimiques, quel sermon mémorable (faisant le parallèle entre la religion et Star Wars), et quelle jolie voix, je ne savais pas qu’il chantait aussi bien !

Bref, cette comédie pleine d’entrain et d’énergie vaut d’être vue pour les performances des comédiens, c’est un bon moment de détente et de rire, même si ça manque un tout petit peu d’ironie fine dans les dialogues et que le scénario pourrait être un peu plus surprenant ! (j’allais tourner ma phrase en utilisant le mot ‘surprise !’ mais j’avais la voix de Benedict Sherlock Cumberbatch dans la tête prononçant ce mot en anglais et du coup ça faisait un effet bizarre à la phrase <-- oui je sais ce genre de réflexion n’a rien à faire dans cet article mais c’est parce que je ne peux pas m’empêcher de faire ce genre de liens que je suis bloggeuse et pas journaliste culturelle ! ;) )

En pratique, « Délivre-nous du mal » se joue au TTO jusqu’au 31 mai ! Infos et réservations (si tout n'est pas complet) sur le site du TTO

Rédigé par Emelle

Publié dans #Bruxelles, #Théâtre

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