Meurtre(s) in progress
Publié le 8 Novembre 2015
Le point positif des créations théâtrales proposées ces dernières années à l'Os à moelle, c'est qu'elles sont originales! Le point négatif, c'est que c'est toujours compliqué de vous en parler sur ce blog sans rien dévoiler, histoire de ne rien vous gâcher du plaisir et de la surprise!
C'est particulièrement compliqué avec "Meurtre(s) in progress" qui est quand même un thriller, donc ce serait vraiment dommage vous en dire trop. Enfin... Déjà, un thriller, c'est un peu restrictif, puisque je vous le disais, il s'agit à nouveau d'un spectacle qui n'entre pas dans une seule case... La dénomination adoptée par l'Os à Moelle de tragi-comédie policière me semble plutôt bien, donc voilà. On va dire que c'est une tragi-comédie policière! Et que pour en savoir plus, vous devez aller la voir, un point c'est tout! :)
Bon, ok... c'est un peu court quand même pour vous convaincre...
Alors, en quelques mots, l'histoire tourne autour d'un auteur de romans policiers, qui rame un peu pour boucler son roman. Au point qu'il néglige sa femme, car son histoire l'obsède. Un coup de fil de son éditeur, lui intimant de tuer l'un de ses personnages pour avancer, va encore plus lui compliquer la tâche... Osera-t-il imaginer tuer son héros, John, un brave type, un loser tombé malgré lui dans une histoire louche? Ou bien choisira-t-il un personnage plus secondaire, comme ce policier chargé de l'enquête à laquelle John s'est retrouvé mêlé? Ou le super-vilain, le redoutable Alberto? (mais tuer un méchant c'est un peu cliché, non?)... Alors que l'auteur semble avoir arrêté son choix, un type sonne à la porte... Il prétend s'appeler John, et supplie l'auteur de ne pas le tuer....
Et je ne vous en dirai pas plus sur l'intrigue, si ce type est vraiment qui il prétend être (allô, Pirandello?), ce qui se cache derrière tout ça... Tout ce que je peux vous dire c'est que la fin est vraiment bien (désolée pour cet adjectif peu précis mais si j'en dis plus je vais donner des indices)... La fin est inattendue et très bien construite, et même si j'ai essayé d'être observatrice et que j'avais relevé pas mal d'indices (et que d'une certaine façon, je tournais autour, mais j'avais pris les choses dans le mauvais sens), je ne l'avais pas vue venir! Ce qui est évidemment toujours bien plus agréable qu'une fin téléphonée qu'on a anticipée à la moitié de l'histoire, et qui est malheureusement assez rare!
Donc, le premier argument, c'est "allez voir ce spectacle pour l'intrigue"! Le texte, signé Maxime Anselin (qui joue également le personnage de John dans la pièce - donc pas le rôle de l'auteur, mais celui de celui qui se prétend le personnage de l'histoire... il parait que ça mériterait une psychanalyse? ;) )... bref, le texte est soigné, bien écrit, avec énormément d'humour, des réparties qui font souvent mouche et un assez bon rythme. Il y a juste pour moi quelques très petites longueurs à un moment vers le milieu de la pièce, l'une ou l'autre scène aurait pu être un rien plus courte, j'ai eu peur à un moment que ça tourne un peu en rond, mais heureusement cette impression n'a pas duré longtemps.
L'autre argument, c'est la mise en scène de Xavier Elsen, assisté de Matthieu Meunier! Quel beau boulot! Elle regorge d'idées géniales, et vu le lieu plutôt exigu et les possibilités, je trouve le résultat assez incroyable! Jeux de lumières, projections, choix musicaux, changements d'ambiance, tout est magnifiquement géré et colle parfaitement aux différentes émotions de la pièce. Sans compter tous les petits éléments-indices qui devraient mettre la puce à l'oreille et qu'on néglige... Tout est là, suffisamment clair pour qu'on le remarque, mais avec suffisamment de logique et de fluidité pour qu'on ne s'y attarde pas vraiment... Avec un rythme bien géré du début à la fin! Bref la mise en scène contribue vraiment à nous embarquer dans l'histoire, et aussi à nous 'entourlouper' jusqu'à la fin...
Les comédiens (Arnaud Van Parys, Sarah Dupré, Maxime Anselin, Bertrand Daine et Vincent Doms) sont tous très bons et rendent chaque personnage attachant, dans son style (bah oui, tous les personnages sont attachants? Ou bien je suis encore une psychopathe?)...
Coup de chapeau particulier à Arnaud Van Parys et Sarah Dupré, qui ont plus de registres différents à assumer et le font avec beaucoup de force.
En résumé, il ne vous reste déjà plus beaucoup de dates, alors ne passez pas à côté de ce spectacle qui sort vraiment de l'ordinaire et vous assurera une bonne soirée au théâtre !
Je l'ai déjà dit sur ce blog, je suis une grande fan de Kaamelott, en particulier à partir du livre IV, càd du moment où Alexandre Astier a mixé un style d'écriture plein d'humour à une intrigue beaucoup plus dramatique, et j'adore la façon dont il n'est jamais où on l'attend... Eh bien j'ai retrouvé ça avec "Meurtre(s) in progress", en quelque sorte, ça m'a fait repenser au livre VI... (arf, si vous êtes accro à Kaamelott je vous ai peut-être donné un indice... En tout cas je vous en donnerai un si j'en dis plus alors... j'arrête là!)
Meurtre(s) in progress se joue encore à l'Os à Moelle jusqu'au 14 novembre, à 20h30. Infos et réservations ici.