Le paradoxe de Schrödinger

Publié le 12 Février 2016

Le paradoxe de Schrödinger

Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de "L'os à moelle", le plus vieux cabaret de Bruxelles. Une fois de plus, je voudrais saluer leur programmation originale! Ils osent proposer des pièces de théâtre de qualité et qui sortent vraiment de l'ordinaire, avec des thèmes, des histoires, un ton souvent décalé, comme on n'en voit... quasi nulle part ailleurs, malheureusement. Des pièces qui devraient amener au théâtre des gens qui n'ont pas forcément l'habitude d'y aller, des pièces qui font rire mais pas que, avec du fond, du suspense, dont on ne devine pas le scénario dès le début... Un vrai plaisir!

"Le paradoxe de Schrödinger" ne déroge pas à cette règle. Bonne idée de l'avoir repris cette saison (je l'avais loupé l'an dernier, déjà prise la semaine où ça se jouait)... dommage qu'il ne reste qu'une représentation demain samedi pour vous encourager à foncer voir ce spectacle!

Comment vous parler du paradoxe de Schrödinger sans trop vous en dévoiler? ... Il s'agit, comme l'annonce le site de l'Os à Moelle, du premier seul en scène post-apocalyptique! Le 30 septembre 2016, il s'est passé un truc sur Terre (oui je sais je parle au passé d'une date dans le futur mais l'histoire se passe en 2018...). L'apocalypse? Plus ou moins, en tout cas, "dehors", c'est devenu dangereux, et ça pullule de zombies (ou de Renés, comme les appelle notre héros). Ce héros, c'est Erwin Hawking, un jeune homme qui a survécu aux "événements", et qui résiste toujours dans la petite ville de Noisy Fields. Seul, et un peu désespéré. Mais courageusement, tous les jours, il anime une émission de radio, donnant des nouvelles de la situation dans la ville, l'état des stocks des magasins... Et lançant, inlassablement, le même appel à d'éventuels autres survivants, de venir le rejoindre...

Difficile de vous en dire plus sans 'spoiler' des éléments de l'intrigue! Je pourrais ajouter des questions philosophiques du genre "si un arbre tombe dans la forêt et qu'il n'y a personne pour l'entendre, est-ce qu'il fait du bruit?", vous parler de paradoxes du genre "cette phrase est fausse" (non, ce n'est pas cet exemple-là qui est cité dans la pièce, mais une réflexion du même style qui boucle sur elle-même), mais ça ne ferait que vous embrouiller! Disons que Le paradoxe de Schrödinger sort vraiment de ce qu'on voit d'habitude sur une scène de théâtre, qu'on rit beaucoup, qu'il y a du fond, de la réflexion, beaucoup de finesse, et aussi de l'action, de l'aventure, de la décapitation de zombies (hors scène ;) ), du sang, une remise de prix et de la chanson! Oui, bon, d'accord, comme ça on dirait que c'est un mélange improbable... mais il tient extrêmement bien la route!

Le texte, co-écrit par Xavier Elsen et Victor Scheffer, est brillant! Comme je le disais, il est rempli de trouvailles humoristiques décalées et parfois absurdes (du genre qui fusent parfois en impro, quand les comédiens sont en pleine forme... Je ne sais pas comment ils se sont organisés pour écrire, mais il y a à la fois beaucoup de profondeur et une impression de grande spontanéité, avec des vannes qui sortent de nulle part, pas des trucs déjà ressassés 20 fois, et des réflexions qui triturent le cerveau). Bref, j'ai adoré l'écriture, vraiment! Un parfait mélange équilibré et vraiment l'impression d'un texte qui sort de l'ordinaire.

Par contre, j'ai lu ailleurs qu'il y avait pas mal de clins d'oeil aux films, séries et jeux vidéos tournant autour des zombies dans la pièce... J'avoue, j'y connais rien de rien, donc je suis passée à côté! Mais ce n'est pas du tout gênant pour apprécier la pièce, en fait! (et s'il y a des films de zombies aussi intelligents et drôles que ce spectacle, je vais peut-être finir par m'y mettre!). Par contre, le paradoxe de Schrödinger, celui d'origine, je veux dire (si vous ne savez pas ce que c'est, allez voir la pièce c'est bien expliqué) m'a toujours fascinée (beaucoup plus que son équation, à laquelle, désolée pour mon prof de physique moderne de 2ème candi, je n'ai jamais rien compris! Mais comme le disait Alexandre Astier dans un sketch, personne ne comprend rien à la physique quantique, même pas ceux qui en font! Bref...). Donc, l'idée de la superposition des deux états quantiques du chat tant qu'on n'ouvre pas la boîte, c'est assez intrigant. Et j'aime beaucoup la manière dont ce paradoxe est repris et envisagé dans la pièce! (n'empêche, ils ont un truc contre les rongeurs à L'os à moelle? Après les souris de la Tour Mortame, ici on retrouve des hamsters...)

La mise en scène de Victor Scheffer, assisté de Matthieu Meunier, permet aux différentes ambiances du spectacles de bien s'installer, et la bande-son qui accompagne les transitions de scènes est superbe! Et puis surtout, Xavier Elsen livre une performance franchement épatante dans ce seul en scène! Quel engagement! Il se donne à fond, fait vivre son personnage à merveille, on en oublierait presque qu'il est seul (même si à un moment il a un peu le syndrome de Tom Hanks dans "Seul au monde", mais pas avec un ballon). Ses mimiques et grimaces dans les moments drôles sont impayables, mais il passe très bien aussi d'une émotion à l'autre. Et il chante plutôt pas mal, en plus! Bon, je ne viens pas de découvrir qu'il est bon comédien, mais il est particulièrement convaincant dans Le paradoxe de Schrödinger!

En résumé... j'espère que le spectacle sera repris à nouveau un jour, histoire d'y envoyer quelques amis qui d'habitude n'osent pas trop aller au théâtre et qui devraient aimer ce spectacle... et surtout, si vous lisez cet article... ne venez pas me rejoindre chez moi ni à Noisy Fields, mais foncez à l'Os à Moelle samedi 13/02 pour la dernière!

Rédigé par Emelle

Publié dans #Théâtre, #Bruxelles

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