Trotsky business

Publié le 21 Mars 2014

Trotsky business

Derrière ces 2 termes pour le moins antagonistes a priori, se cache une pièce de théâtre inédite, une création qui se joue en ce moment au TTO (théâtre de la Toison d'Or pour les non initiés)... Une pièce par rapport à laquelle mon impression se résume en: belles performances, dommage pour l'intrigue. Mais si vous avez l'habitude de me lire vous savez que j'aime expliquer mon avis avec un peu plus de détails alors, allons-y.

Je vais essayer de vous résumer l'histoire, au moins le début, de cette pièce écrite par Albert Maizel, lui même ingénieur commercial diplômé de Solvay si j'ai bien compris.
L'intrigue se passe dans le bureau du directeur d'une école de commerce, Solvay pour ne pas la citer. Le directeur en question y harrangue l'un de ses professeurs (et ami) à interroger 'gentiment' un étudiant qui doit se présenter très bientôt pour un examen. Le professeur enseigne la philosophie et ne demande qu'à être libéré de sa charge de cours dans cette école de commerce (vu qu'il s'y sent un peu seul, de la philo chez des commerciaux c'est un peu comme un service d'économie/gestion/marketing dans une fac d'ingénieurs civils, non? ;) - pardon, souvenirs, rien à voir avec la pièce - et en plus perso j'ai adoré le prof et les cours de gestion....). Bref, l'examen ne se passe pas forcément comme attendu, il faut dire que l'étudiant n'est pas doué et mal à l'aise, le prof exigeant et avec des références un peu étranges (enfin j'en sais rien mais Starmania pour étudier la philo?). Mais les révélations sur les origines (paternelles russes) de l'étudiant boulverseront le pauvre professeur. Et tandis que l'étudiant décide de devenir disciple de ce prof étrange, alors que le directeur rêve d'utiliser l'appui paternel russe évoqué plus haut pour fusionner son école avec Harvard... le passé commun des deux hommes va ressurgir via la fille de l'un d'eux, qui a mené son enquête et ramené une personne gênante tant dans leur passé amoureux que politiquement très à gauche. En vrac, il sera encore question de chef secret d'une cellule trotskyste active, d'une vidéo compromettante, de vodka et de coups sur la tête!

En fait, je ne pense pas avoir besoin d'en dire plus pour expliquer ma déception sur l'histoire... C'est assez... confus! Et si au départ on s'en sort à peu près, dans la 2ème moitié j'ai eu l'impression de vraiment perdre le fil parfois, que ça tournait en rond souvent, et qu'il y a du coup des ralentissements de rythme et des longueurs inutiles (séquences vidéos nécessaires pour ne pas nous perdre totalement dans l'histoire, mais trop longues).

Et c'est d'autant plus dommage qu'il y a par ailleurs des scènes très drôles, des idées visuelles originales et une direction d'acteur et mise en scène globalement bien pensée d'Alexis Goslain, des répliques acérées et qui font mouche, et surtout, de très très bons comédiens qui déploient beaucoup de talent et ne sont vraiment pas à blamer dans les aspects confus ou le ralentissement de rythme, pour moi totalement inhérents à l'histoire elle-même.
Au contraire, je dirais qu'en ce qui me concerne les performances de Catherine Decrolier et Thomas Demarez, en particulier, sauvent la pièce et m'ont permis de ne pas décrocher ni m'endormir (j'y suis allée un vendredi soir après une semaine professionnellement chargée, intense et enrhumée...). Ils ont tous les 2 un réel talent comique qui n'est plus à démontrer, et sont parfaits dans leurs rôles respectifs, la fille du prof de philo déboussolée et désabusée qui vient semer le sable dans l'engrenage, et le fils de ce Russe tellement craint, totalement maladroit et paumé, cherchant désespérément à se faire aimer. Ils arrivent à faire rire d'une mimique, d'un geste, d'une attitude, d'un ton un peu décalé sur une réplique... Bruno Georis est parfait en patron de Solvay, avec un côté classe so british (et pince sans rire) que j'aime énormément chez lui! Pierre Pigeolet se démène beaucoup, parfois un peu trop, dans le rôle central du prof de philo, mais il réussit bien les effets comiques également! Il n'y a finalement qu'à la prestation de Martine Willequet que je n'ai pas accroché, mais peut-être parce que son personnage tombe un peu trop comme un cheveu dans la soupe et est trop excessif et insensible à la fois pour qu'on y croie, je pense...

Bref, bilan mitigé: histoire certes originale mais trop tirée par les cheveux et confuse, compensée par quelques très bons dialogues et des comédiens au top !
"Trotsky business" se joue au TTO jusqu'au 12/4. Infos & réservations sur le site du TTO.

Rédigé par Emelle

Publié dans #Théâtre, #Bruxelles

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