Avignon 2015 : ... et reprises (II)

Publié le 5 Juillet 2015

[vu la longueur j'ai splitté en 2 articles c'est plus lisible!]

Et du côté des reprises? J'ai déjà vu 16 spectacles parmi les 1300 et quelques présentés au Off cette année, je vous en dis donc un petit mot avec un lien vers l'article complet sur ce blog.

Commençons par les Belges ;)

Tuyauterie, au théâtre du Chêne Noir : la pièce, signée Philippe Blasband, allie très bien légèreté et profondeur. On y rit énormément, et pourtant il y a du fond, une réflexion sur les rapports humains (dans... tous les sens du terme!), c'est subtil, jamais vulgaire, sensuel, et les comédiens Charlie Dupont et Tania Garbarski sont excellents et très complices. Je vous le recommande vraiment!
Trac! , aux 3 Soleils, de, par, avec et malgré Bruno Coppens, digne héritier de Raymond Devos, un vrai jongleur de mots, avec un univers très décalé sur scène, un peu surréaliste. A voir si vous aimez ce style, il y est vraiment excellent!

Théâtre :

Hamlet, la fin d'une enfance, au Magasin : l'un de mes gros coups de coeur de l'an dernier, une magnifique relecture de la pièce la plus connue de Shakespeare, une sublime interprétation de Thomas Marceul, plein de petites trouvailles... A ne pas louper!
On marche sur la tête, au théâtre Buffon : d'après Aristophane, une fable sur l'argent et la manière dont il gouverne le monde, sur la révolte, d'une brûlante actualité, extrêmement bien jouée et mise en scène... Egalement un coup de coeur l'an dernier, également à ne pas louper!
Célimène et le Cardinal, à la Luna: imaginer une suite au Misanthrope, dans laquelle Alceste serait finalement devenu Cardinal, il fallait le faire! Jacques Rampal l'a fait et bien fait, la pièce est une brillante réflexion notamment sur la place de la femme et l'hypocrisie de la société, les échanges entre Célimène et Alceste volent haut et captent l'attention... A recommander aussi!
Racine par la racine, à l'espace Essaïon: de quoi vous réconcilier avec l'auteur de Phèdre, un spectacle joyeusement iconoclaste, qui présente les tragédies de Racine comme vous ne les avez jamais vues! A déconseiller aux puristes, mais les autres passeront un bon moment de rire tout en ayant l'occasion d'entendre des extraits de Racine. Plein de légèreté et d'inventivité!
Qui es-tu Fritz Haber?, à l'Arrache-coeur : une page d'histoire assez méconnue, une réflexion extrêmement intéressante et riche sur la science (sans conscience?), les limites et les responsabilités des scientifiques, la "zone grise" dans laquelle l'éthique scientifique se trouve quand une même invention amène la vie et la mort... Nécessaire et fort!
Le porteur d'histoire, aux Béliers : un spectacle aux 3 Molières, salué par la critique... que je n'avais pas aimé l'an dernier! Ou plutôt, où j'avais décroché, à cause de trop de portes ouvertes non fermées, à cause de transitions parfois un peu 'miraculeuses' sur la fin comme s'il avait fallu boucler le périple sans trop justifier comment les protagonistes avaient compris où aller, à cause surtout d'éléments qui m'ont fait penser au Da Vinci code, que je n'aime pas du tout... Mais n'hésitez pas à vous faire votre opinion!
D'un retournement, l'autre, à l'Alizé (à 10h du 10 au 18/7): j'avais vu ce spectacle en Belgique il y a 2 ans, mais je n'avais pas écrit dessus parce que je pense avoir vu la dernière ou pratiquement, du coup par manque de temps... je n'en ai pas parlé. Je vous le conseille, c'est un spectacle encore une fois d'une grande actualité, qui explique de manière amusante (sans être simpliste) et intelligible la crise des subprimes et la crise économique / financière qui en a découlé. Tout ça avec de l'humour, de la chanson, et en alexandrins, excusez du peu! C'est original, dynamique, bien ficelé et intelligent!
La nuit des reines, à l'Etincelle : encore un spectacle écrit récemment mais en alexandrins, un texte drôle, léger, qui joue sur les sous-entendus et les 'rimes anticipées' (vous sentez venir les mots tendancieux avant qu'ils arrivent à cause de la rime de la phrase précédente). Ca ne vole pas très haut mais c'est divertissant.
Le clou du spectacle au théâtre des Barriques : une jolie performance, 2 comédiens qui incarnent 16 personnages, assez typés pour qu'on les reconnaisse... Histoire assez déjantée et improbable certes mais c'est drôle, décalé, et on se laisse emporter par le tourbillon des passages d'un rôle à l'autre grâce à la belle énergie des comédiens!
Si je t'attrape, je te mort, au théâtre de l'Observance : moins décalé que "mais qui a tué le cadavre mort?" du même Olivier Maille, ça reste une comédie assez originale grâce à la présence de la mort en personne qui vient foutre le bordel dans la vie d'un couple. Pas transcendant, pas hyper marquant non plus je dois avouer, mais une honnête comédie dans la moitié supérieure du lot, disons!

Impro :

Casino, à l'espace Essaïon : un concept assez solide, cohérent (ils ont vraiment trouvé des manières sympas et originales de faire rentrer chaque style d'impro dans un jeu de casino!), avec des contraintes et des thèmes qui sortent de l'ordinaire, et une belle équipe d'improvisateurs professionnels dont on sent qu'ils ont du métier et une belle complicité. Fous rires quasi garantis!
T.I.M.E. au théâtre des Barriques : une idée de départ originale, une sacrée mise en scène, mais peut-être trop d'éléments joués pour poser le concept au détriment des impros, qui du coup sont un peu courtes, et dépendent beaucoup de l'inspiration et des thèmes du public...

Humour :

Le secret du temps plié, à l'espace Roseau : encore un jongleur de mots! Un univers très fort, plein de rêve et de poésie, de l'absurde, de très beaux jeux de mots, mais un final un peu trop 'gnan-gnan' à mon goût.

Danse:

(En passant) par là , au Golovine : nouvelle version pour 2015, mon billet porte sur la version présentée en 2013 et que j'avais beaucoup aimée: une chorégraphie forte, violente même, très expressive, sur les magnifiques morceaux de "The Wall" des Pink Floyd. Je ne doute pas que la version revue soit aussi intense, donc j'aurais tendance à vous le recommander!